Les latinistes de notre collège lauréats du concours
Après un long travail de recherches et de rédaction, aidés de Mme Lesnes professeure documentaliste et de Mme Pommier, professeure de lettres classiques, le groupe de 5ème latinistes a remporté la troisième place du Concours « L’archéo défi », organisé par le Service archéologique et patrimoine du Département du Nord.
Il s’agissait d’inventer une histoire pour expliquer la présence d’une empreinte de pied dans le mortier du sol d’une galerie, qu’on a découverte en 2021. La taille de cette empreinte correspond à celle d’un enfant ou d’un jeune adolescent.
Lucilia et Duronius
Un texte des 5ème latinistes du collège Marie Curie
Lucilia Luscina était une jeune fille riche qui vivait dans une domus avec sa mère et son père à Bagacum Nerviorum. Ses parents étaient trop protecteurs envers elle et trop strictes. Lucilia était très jolie, elle portait une robe végétale en lin. Elle avait quatorze ans, elle était une virgo. Elle apprenait à être une bonne mère de famille.
C’était le printemps, les arbres étaient colorés. Un ouvrier nommé Duronius Faber vint faire des travaux dans le triclinium chez Lucilia Luscina.
Au fil des jours, Lucilia remarquait que Duronius n’apportait jamais son déjeuner et que ses parents ne lui offraient jamais de nourriture non plus.
Un matin, Lucilia remarqua que Duronius criait famine. Elle eut de la peine pour lui et lui apporta une écuelle de lupin et quelques figues.
Et là ce fut le coup de foudre. Ils découvrirent qu’ils s’aimaient et se donnèrent rendez-vous le soir-même au forum de Bagacum, dans le chantier du templum de Jupiter et Junon.
Le soir venu, elle mit sa plus belle robe de lin, ouvrit la fenêtre et partit pieds nus, car elle avait peur de se faire repérer et de ne pas voir son cher amoureux Duronius.
Dans les rues pavées, elle devait faire attention aux charrettes des marchands. Elle passa à côté d’une charrette remplie de bouquets de muguet en préparation de la fête qui célébrait Flora. Elle vola quelques brins et les mit dans ses cheveux.
Lucilia arriva sur le chantier. Des échafaudages et une multitude de trous l’encerclaient. Son amour n’était pas là.
Elle prit donc la décision d’aller sous le cryptoportique, qui venait d’être terminé. Il l’attendait peut-être à l’abri des regards. Lucilia vit enfin Duronius et alla vers lui, elle était très contente de le voir. Il était aussi beau que dans ses souvenirs. Courant vers lui, elle ne vit pas le mortier encore frais devant elle et marcha dedans. Le couloir était étroit, elle était coincée, soudain une profonde peur l’envahit, mais Duronius était là et l’aida à dégager son pied.
Il lui prit la main et lui demanda de le suivre en haut d’un échafaudage. Devant eux, ils voyaient l’esplanade et pouvaient deviner sa taille extraordinaire. Ils commencèrent à parler de leur vie, de leur enfance, de leurs maisons, de leurs passions, de leur famille… Duronius lui prit le muguet qui était dans ses cheveux et lui tressa une bague avec les fleurs. Il lui prit délicatement la main, lui demanda de fermer les yeux, lui mit la bague et murmura : « Veux-tu m’embrasser ? » Lucilia était heureuse. Elle ouvrit les yeux et l’embrassa.
Ils continuèrent à parler jusqu’à ce que Lucilia lui dise : « On va rentrer chez moi et j’emporterai quelques robes et prendrai de l’argent dans le tablinium de mon père et on s’enfuira quelque part, loin d’ici. Ma mère ne voudra jamais qu’on nous voie ensemble, ni mon père, car toi et moi, nous sommes trop différents. »
Duronius lui dit : « Est-ce que tu es sûre de vouloir faire ça ? Tes parents vont te chercher. On va devoir se cacher. »
Elle lui répondit : « Mais il faut que je le fasse sinon on ne pourra pas se marier. »
Duronius dit : « D’accord, mais il faut que tu sois sûre que personne ne te voie. »
Ils descendirent de l’échafaudage et retournèrent vers la maison de Lucilia. Duronius lui dit : « Sois prudente ! Je t’attendrai près de l’échoppe du laitier à côté de chez toi. » et l’embrassa.
Une fois chez elle, elle vola de l’argent dans le tablinium et elle alla dans la culina pour prendre des provisions. Elle prit quelques vêtements dans sa malle. Elle était sur le point de partir quand soudainement, elle entendit ses parents marcher dans le couloir. Lucilia s’empressa de sauter par la fenêtre et courut jusqu’à l’échoppe de lait.
Elle retrouva Duronius. Pendant son absence, il avait passé un accord avec son ami laitier qui retournait à la campagne. Duronius aida Lucilia à monter dans la charrette du laitier et ils prirent la route.
Une fois sortis de la ville, dans la campagne, ils se mirent à discuter. Lucilia fit part de ses peurs : que ses parents la retrouvent, qu’ils ne parviennent pas à vivre la vie dont ils rêvent. Lucilia serait une couturière renommée habillant les matrones romaines et Duronius pourrait diriger sa propre équipe d’artisans sur les chantiers.
Les deux amants s’éloignèrent en rêvant à leur avenir. Lucilia ne revint plus à Bavay, mais sur le forum, sa trace de pas était ancrée à jamais.